jeudi 12 janvier 2012

Appel au bon coeur du cuisinier

Tous les midis, je mange à la cantine de mon entreprise.
Certains me diront, avant même que je ne commence, que je ne devrais pas me plaindre parce que j'ai déjà de la chance d'avoir une cantine dans mon entreprise. C'est vrai. J'ai aussi la chance de ne jamais payer plus de 5€ le déjeuner. De tout ceci je suis consciente.
Je sais aussi que la restauration collective n'est pas, ne peut pas être, de par sa nature même, de la grande cuisine. Je n'attends pas, pour 4 à 5€, que le chef m'éblouisse de ses prouesses à chaque repas. Limite, je n'attends pas que mes plats soient particulièrement assaisonnés, il faut plaire au plus grand nombre (et prendre en compte ceux qui, par exemple, suivent un régime sans sel pour raisons médicales) et je suis assez grande pour rajouter du sel et du poivre si c'est nécessaire.

Mais là, franchement, ce n'est plus possible. On n'a pas le droit de faire ça à des pauvres légumes innocents. Ils dégoulinent de flotte (les courgettes) ou bien luisent d'une graisse indéterminée (les haricots verts). Les pâtes, le riz, c'est pas mieux : ça brille, ça luit, et même si je sais que si l'on veut garder des pâtes un certain temps au chaud sans qu'elles collent, il faut mettre un peu de matière grasse, je voudrais insister sur le "un peu". Les grosses tâches d'huile qui restent au fond de l'assiette, ce n'est pas "un peu". La viande est de qualité médiocre. Bon, ça, à la rigueur, c'est pareil, c'est un aléa de la restauration collective. Mais c'est comme le reste : il y a des limites. Quand il y a plus de nerfs que de viande dans un morceau, ça devient gênant. Le poulet rôti, présent quotidiennement, devient le choix de repli car il est plutôt pas mal - sauf que le poulet 5 jours par semaine, on s'en lasse. Le poisson, j'en ai pris au premier repas en arrivant, il y a pas loin de 4 ans, et je n'ai jamais réitéré l'expérience.
Les soupes sont un vrai poème : elles sont faites à partir des restes de légumes de la veille, et leur composition est pour le moins fantaisiste. C'est là que j'ai vu, pour la première fois, du riz mixé dans une soupe. Celle aux épinards, vert foncé tirant sur noir, est particulièrement répugnante. Quant à l'assaisonnement, il couvre les deux extrémités du spectre : hyper salé ou pas salé du tout, mais sans juste milieu. Les desserts, c'est comme le poisson : j'ai tenté une fois et puis lâché l'affaire. Soit c'est indéterminé (crème aux marrons avec de la gélatine, le dessert d'hier midi, ils ont eu des restes), soit c'est juste des bombes de sucre, écoeurantes en trois bouchée. Les fruits sont moches, mais c'est le seul choix valable. Le fromage ? une fois sur deux, interchangeable avec un pain de savon.

Le problème, c'est que manger équilibré dans ces conditions, pour peu qu'on aie comme moi l'estomac un peu sensibilisé par le stress, eh ben c'est compliqué. Le résultat, c'est que je finis régulièrement les repas victime de maux de ventre et de ballonnements, sans parler de la déprime liée au contenu tristoune de l'assiette. Une fois sur deux, je suis incapable de me souvenir ce que j'ai mangé une heure après, sauf que ça m'est bien resté sur l'estomac. Vous avez dit "productivité" après le repas ? Bouarf...

Alors, monsieur le cuisinier, vous qui vous échinez à préparer 6 à 8 plats différents en respectant un budget serré avec les résultats que l'on voit, ne vous fatiguez pas tant. Faites en 3. Ou même 2. Mais faites les bien, avec des produits de meilleure qualité. Un poisson, une viande, un plat végétarien, ça va suffire. Je suis sûre que nos estomacs vous diront merci. Le mien en tout cas, c'est sûr...

En attendant, je vais me préparer une gamelle.

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