mardi 8 mai 2012

Retour aux fondamentaux

J'ai relu récemment Anatomie de l'Horreur, le petit essai de Stephen King sur son genre de prédilection. En le refermant, j'avais de nouveau envie de relire les romans d'horreur qui forment les fondamentaux du genre. La première fois que j'avais lu le livre sus-cité, j'étais ado, j'habitais en Guyane, et trouver ces romans relevait de l'exploit. Mais aujourd'hui, en deux clics sur internet, je peux commander absolument n'importe quelle oeuvre, et en anglais dans le texte si ça me chante ! Des fois, c'est quand même beau la technologie (dit la geekette de service).
Je me suis donc offert pour commencer deux romans de Shirley Jackson, We have always lived in the Castle et The Hauting of Hill House, celui que je vous présente aujourd'hui.
L'histoire vous est peut-être familière, vu qu'il y a eu deux films et que l'histoire est typiquement un classique de l'histoire de fantômes, mais je vous la résume tout de même. La maison dont il est question, Hill House, est nichée entre les collines, et représente pour le docteur Montague l'opportunité de passer un été à étudier des phénomènes possiblement paranormaux, dont il espère tirer une étude ou même un livre. A cette fin il réunit dans la maison des personnes dont le passé montre au moins une occurrence paranormale, ou qui pourraient présenter un don un peu spécial.
Au final, ce sont Eleanor Vance, une jeune femme timide dans l'enfance de laquelle au moins un impressionnant phénomène de poltergeist s'est produit, et Theodora, flamboyante créature qui montre une certaine sensibilité aux émotions des autres, qui le rejoignent. Luke, le neveu de la propriétaire de Hill House qui a imposé sa présence, se joint au trio, et tous quatre commencent l'été dans l'étrange demeure.

Comme vous pouvez vous en douter, ça dérape assez vite. Que ce soient l'architecture étrange de Hill House, ses portes qui ne tiennent pas ouvertes ou son silence oppressant, tout est réuni pour que quelque chose se passe... mais on n'est jamais très clair sur quoi. Car Jackson est beaucoup trop subtile pour nous dire clairement que Hill House est hantée. Pendant tout le roman, on n'est jamais très sûr : y a-t-il quelque chose dans cette maison ? Ou bien Eleanor elle-même aurait-elle une capacité télékinétique inconsciente qui expliquerait les phénomènes auxquelles sont confrontés les protagonistes ? Peu à peu on descend dans une spirale de paranoïa en suivant le point de vue d'Eleanor, jusqu'à ne plus bien savoir ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.

Le livre date de 1959 ; il n'est donc plus tout jeune, mais il n'a rien perdu de sa fraîcheur. Extrêmement bien écrit, très subtil, totalement perturbant, il se lit à toute vitesse et avec un grand plaisir. Il fait partie de ces classiques de la littérature d'horreur, au même titre que Dracula ou L'Etrange cas du docteur Jekyll et de Mr Hyde, qui ne vieillissent pas et gardent toujours la même modernité et le même impact 60, 70 ou même plus de 100 ans plus tard.

Et juste pour le plaisir, et pour vous donner, je l'espère, envie de le lire, je vous laisse avec le tout premier paragraphe de the Hauting of Hill House, probablement un des mieux écrits que j'aie jamais lu, le genre qu'on rêverait d'être capable d'écrire. Tout le livre est de ce niveau...
No live organism can continue for long to exist sanely under conditions of absolute reality; even larks and katykids are supposed, by some, to dream. Hill House, not sane, stood by itself against its hills, holding darkness within; it had stood so for eighty years and might stand for eighty more. Within, walls continued upright, bricks met neatly, floors were firm, and doors were sensibly shut; silence lay steadily against the wood and stone of Hill House, and whatever walked there, walked alone.

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